J’aime bien les Z
Avant que je m’engage à accompagner des élèves en formation d’ES en tant qu’intervenant GAP, on m’avait prévenu. « Tu vas voir, il y en a certains qui sont « haaan », grave à la ramasse ». Cette fameuse génération Z qui ne s’engage plus, s’enferme dans ses téléphones et voit l’avenir de manière désabusée. Heureusement que j’ai mis tout cela de côté.
Aujourd’hui, après trois séances et quelques visites de stage, je dis et j’affirme que j’apprécie ces jeunes. Ils viennent vers le métier d’Educateur Spécialisé avec une vraie appétence pour les relations de travail centrés sur les publics. Ils ont donc cette capacité à voir les problèmes observés en stage et en quoi cela ne correspond pas à leurs valeurs. Alors certes, ils manquent parfois de tact et voudraient faire la révolution en un jour, mais cette lucidité sur l’essentiel du travail devrait faire un bien fou aux structures qui les accueillent.
Les « network nativ » selon une expression que je préfère à la dernière lettre de l’alphabet (quelle sera la génération suivante, faudra t’il inventer des lettres ?) ont des convictions et les affirment. Ils ne supportent pas qu’une blague antisémite soit dite devant des enfants. Ils s’étonnent de certains éducateurs « expérimentés » qui utilisent la force de leur bras pour faire autorité auprès d’enfants. Ils s’offusquent du comportement d’une psychologue en visite médiatisée. Ils ont envie de contribuer à un travail social de meilleure qualité.
Je ne les entends pas beaucoup râler sur les bas salaires du secteur, ils semblent avoir renoncé à une lutte qui n’a jamais obtenu satisfaction de leur vivant. Par contre, ils ne veulent pas travailler dans n’importe quelles conditions et surtout sans trouver du sens au travail.
D’ailleurs, il faut les entendre aussi quand ils critiquent des cours » chiants ». Laissons dériver le modèle des cours magistraux avec un professeur en positon d’unique sachant. Mises en situations, réflexions/débats sur des textes, apprendre en jouant à travers des jeux type sérious game, faire une fresque du climat. Ils veulent de la pratique, des cours connectés aux réalités du terrain. Ne nous plaignons pas d’une salle à moitié vide à la pause, changeons nos manières d’enseigner.
J’ai peut-être seulement de la chance avec le groupe que j’accompagne, mais au moins je n’ai pas perdu l’espoir d’un meilleur travail social.
